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TCHAD

Tchad : Un retour sans accord de Masra, une opération à haut risque pour sa sécurité


Alwihda Info | Par - 19 Août 2023


Le président du parti Les Transformateurs, Masra Succès, réaffirme son intention de revenir au Tchad dans une interview accordée à RFI le mardi 17 août 2023. L'opposant a partagé une allocution vidéo sur son compte Facebook à l'occasion de la fête nationale du pays, le 11 août 2023.


Tchad : Un retour sans accord de Masra, une opération à haut risque pour sa sécurité
Vivant en exil à l'étranger depuis la répression sanglante des manifestations du 20 octobre 2022, le chef du parti Les Transformateurs exprime sa volonté de privilégier le dialogue et la réconciliation. Il prévoit de rentrer au Tchad avant la date anniversaire des manifestations violentes, organisées en collaboration avec les partis Les Transformateurs, Wakit Tamma et d'autres formations politiques.

Masra Succès a également l'intention de participer au référendum constitutionnel, affirmant que ce processus doit prendre en compte leurs préoccupations. Cependant, certains gouvernements affirment ne pas avoir reçu d'offre de dialogue nationale de sa part. "Nous n’avons pas reçu d'offre de dialogue soumise par Masra Succès", déclare un membre du gouvernement. Un autre membre du gouvernement tchadien, interrogé par Alwihda Info, partage cette opinion.

Tant que Masra Succès n'obtiendra pas des garanties de sécurité suffisantes, son retour au Tchad représentera un risque élevé, tant pour lui que pour ses collaborateurs, à N'Djamena. Les parents des officiers de police tués à Walia, des civils tués à Moundou, ainsi que les propriétaires de biens commerciaux détruits lors des violentes manifestations, considèrent Masra Succès et Max Loalngar comme les principaux responsables. Les actes de vandalisme contre les auberges, les sièges de partis politiques UNDR et RNDT, orchestrés par des manifestants affiliés à l'opposition, visaient délibérément les biens de la communauté Moundang, originaire du Sud et principalement de confession chrétienne. Ces personnes ont choisi de soutenir la transition politique au Tchad. La maison d'un avocat renommé, Alain Kagonbe, régulièrement en défense des membres de l'opposition devant le parquet, a été saccagée par des manifestants en raison de son appartenance tribale au Premier ministre de transition, Saleh Kebzabo. Kagonbe avait promis d'intenter une action en justice contre les auteurs de ces manifestations violentes.

La confiance entre le pouvoir et Masra Succès est définitivement rompue, malgré les multiples rencontres entre le président de transition, le Général Mahamat Idriss Déby Itno, et l'opposant tchadien pour apaiser le climat politique. Ces rencontres n'ont pas empêché les émeutes du 20 octobre, durement réprimées, ni abouti à un consensus pour une transition politique consensuelle et apaisée.

Le retour de Masra Succès est considéré comme une tentative de plonger le Tchad dans de nouvelles violences par le biais d'une stratégie renouvelée. Les autorités tchadiennes attribuent les attaques meurtrières menées par des bandits armés en provenance de la RCA à Masra Succès. L'armée tchadienne, avec le soutien militaire de la RCA, a dû intervenir énergiquement pour détruire deux bases d'entraînement de la rébellion tchadienne en gestation en RCA, selon des sources sécuritaires.

Ces attaques, qui se multiplient dans la province du Logone Oriental, sont la suite logique du mouvement insurrectionnel du 20 octobre. "Ils ont promis de rendre le Tchad ingouvernable, ceux qui sont derrière ces attaques contre les populations pour les pousser à se retourner contre le gouvernement", a déclaré Ahmat Dari Bazine, gouverneur du Logone Oriental, il y a quelques mois, à Alwihda infos.

Le gouvernement n'exprime pas officiellement d'objection au retour de Masra Succès au pays, mais il refuse de lui offrir des garanties suffisantes pour sa sécurité. Cependant, le gouvernement tchadien considère avec préoccupation le retour de Masra, qui coïncide avec le référendum sur la constitution prévu en octobre, suivi d'autres échéances électorales.

La lumière doit être faite sur la responsabilité de l'opposition tchadienne, principal instigateur de ces manifestations violentes, ainsi que sur les forces de l'ordre qui ont violemment réprimé les manifestants. Cela permettra de réconcilier les différentes parties pour une paix durable et le pardon. Les familles des manifestants tués par les forces de l'ordre, ainsi que des civils abattus et des biens détruits par les manifestants, doivent être identifiées et indemnisées.

Après avoir résolu ces problèmes complexes, le retour de Masra et de ses partisans dans le calme et la sérénité deviendra possible. L'opposant Succès Masra avait quitté le pays après la répression des événements plus tard appelés le "jeudi noir". Plusieurs partis d'opposition avaient alors appelé à manifester, malgré l'interdiction des autorités, contre la prolongation de la transition et le maintien au pouvoir de Mahamat Idriss Déby. Après une période de clandestinité, le président du parti Les Transformateurs avait finalement décidé de quitter le territoire. Par la suite, il avait demandé à la Cour pénale internationale d'ouvrir une enquête sur les événements du 20 octobre. Le 26 avril 2023, la Ligue tchadienne des droits de l'homme et l'Organisation mondiale contre la torture avaient publié un rapport sur ces événements, faisant état de 218 décès. L'Union africaine (UA) et l'Union européenne (UE) avaient "condamné fermement" la répression disproportionnée et les "graves atteintes aux libertés d'expression et de manifestation". Les Transformateurs et la plateforme d'opposition Wakit Tamma avaient protesté contre la prolongation de la présidence de Mahamat Déby de deux ans, décidée sur recommandation d'un dialogue de réconciliation nationale qu'ils avaient boycotté. Un an et demi plus tôt, le 20 avril 2021, l'armée avait annoncé la mort au front du maréchal Déby, qui avait dirigé le Tchad d'une main de fer pendant 30 ans. Son fils de 37 ans avait été proclamé chef de l'État à la tête d'une junte de 15 généraux. La promesse était alors que le pouvoir serait remis aux civils par des élections après une transition de 18 mois. Au lever du jour du 20 octobre, les pneus brûlaient et les premiers tirs visant les manifestants retentissaient, annonçant une journée infernale à N'Djamena et dans au moins trois autres villes de ce vaste pays d'Afrique centrale.
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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